Trois mois

1 mars 2013

Trois mois

Une salle de quoi… 200 personnes, pleine à craquer. Une heure et demie de bonbon et je crois que je parle au nom de tout le monde qui y était parce qu’il y aurait eu un standing ovation si le modérateur n’étais pas intervenu trop rapidement nous proposant une période de questions où absolument personne n’a posé de question. Tout était déjà dit.

Un film sur l’amour. Non, ce n’était pas Amour de Haneke. Ça aussi je l’ai vu, mais c’est atroce. Je vous interdit légalement de le voir. (Comme tout ce qui est interdit, faites-le).

Non, ça s’appelle Conte du Mile End.

C’est réalisé par Jean-François Lesage, un ami qui était journaliste avant et qui a compris que, dans sa forme actuelle, ça valait rien. C’était la première samedi dernier dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois dont la publicité est assez géniale, mais moins que le film: moins beau, plus vrai. C’est vraiment un excellent film. L’ai-je dit?

Et je ne suis pas du tout biaisé. J’aurais adoré le détester. D’ailleurs, je l’ai jalousé cinq minutes, mais il fallait se rendre à l’évidence: ce gars a beaucoup plus de talent que moi.

Donc, pourquoi ça s’appelle Conte du Mile End et pas Amour ? Et pourquoi Amour de Haneke qui ne parlait au fond pas du tout ou presque pas de l’amour s’appelait Amour?

Si vous vous posez une de ces questions, vous n’avez absolument rien compris au cinéma.

Ça se passait dans le Mile-End – le Williamsburg ou le Kreuzberg si vous voulez de Montréal -, là d’où viennent Arcade Fire et tous ces artistes qui ont fait dire à certains autour de 2006 que Montréal était la nouvelle Seattle (la ville aux États-Unis avec le deuxième plus haut taux de suicide, merci beaucoup) et on le sait parce qu’on nous montre à deux reprises des Juifs hassidiques qui sont très présents dans le quartier. Mais à part ça, il y a une scène au Nouveau Palais (un resto late-night assez hip) que je n’avais pas reconnu, mais pas de bagels, pas de 80 (la ligne d’autobus je parle), pas de ce qui est très distinctif du Mile End excepté une chose: l’impermanence. À part les Juifs et les Grecs, on ne vit pas au Mile End, on passe. On vient d’Edmonton ou du Texas, on se réfugie ici politiquement (le créationisme, etc.) et on repart à New York ou Toronto.

C’est comme Berlin pour moi. J’y vais chaque année, trois mois, et puis je repars.

Quoi d’autre est impermanent aujourd’hui? Trois chances.

La religion? Non.

Le capitalisme? Non. Dernière chance.

Oui! L’amour. Bravo.

J’en parlais dans mon billet à la Saint-Valentin. On oublie que l’amour est basé sur ce beau mythe qui s’appelle le coup de foudre (theia mania en grec: la folie des dieux) et on s’inscrit sur des sites de rencontre absurdes où le coup de foudre est techniquement impossible… ou alors assez ridicule. Oh chérie, quand j’ai surfé ton profil ce jour-là, je me suis branlé trois fois de suite sur ta photo, tu sais, celle où tu portes une perruque rose?

Vous avez raison: je n’ai rien pour supporter ce que je dis, sauf la littérature des 3000 dernières années et la vie… et le cinéma, qui en est, même la science-fiction, le reflet.

Et puis le film ? Je ne vous en dis rien, comme c’est mon habitude quand je sens que je vous ai hameçonnés. Il sortira jamais en salle chez vous. Venez donc le voir à Montréal.

Je niaise: cliquez ici pour voir la bande-annonce.

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Commentaires

Danielle Ibohn
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Ah! oui! j'aime votre billet hihihihi