Trois semaines sans écrire

Article : Trois semaines sans écrire
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7 février 2013

Trois semaines sans écrire

Mais les gens du Mondoblog, vous avez perdu la tête? Priver ainsi des écrivains d’écriture pendant plus de trois semaines. Trois semaines, on peut vivre sans manger, mais sans écrire oh-là ! Moi j’avais préparé des tas de reportages : le Mali, le mariage pour tou, le Cirque du Soleil, les Canadiens anglais (notre relation amour-haine), et d’autres : la vente illégale d’ovules, les whippets au chocolat noir, la mort…

Whippet_noir_triplechoc_fr
Eh oui! ils en font au chocolat noir maintenant. Du grand raffinement. Et vous savez comment ils appelaient ça avant? Des têtes de nègre.

J’ai même déniché un vieux monsieur, un Italien, qui affirme connaître mieux Montréal que les chauffeurs d’autobus «parce qu’eux, ils font toujours le même trajet». On allait se revoir pour qu’il me fasse faire son tour de ville, me raconte des souvenirs dont personne ne se souvient plus, mais j’ai dit : non, à Mondoblog, ils ont des problèmes avec des trucs de plate-forme machin machin, j’ai pas trop compris.

Alors tant pis pour vous : pas de mémoires italiennes, pas d’ovules illégales.

Moi, ça ne me fait rien. J’ai continué à écrire : des lettres pour des gens qui les attendaient depuis longtemps, des reportages pour des médias qui n’en voulaient pas, des essais sur des sujets qui n’intéressent que moi. Et de la musique, et des lectures, et des films. Je ne me suis pas ennuyé une seconde. J’ai même écrit une chanson qui fait : «Je ne sais que faire/Je ne sais où aller/Je serai mort dans un certain nombre d’années».

Mais non, je rigole.

Mais c’est vrai que je me demande un peu ces jours-ci : quoi faire, tiens?

Et c’est même pas la faute de Mondoblog, c’est qu’il fait moins je-sais-pas-combien ici. Ça dit moins 15 sur le thermomètre, mais avec le vent, ça fait moins mille. Vive le vent, vive le vent! Oui je veux bien, mais ils ont enregistré des passages à 105 km/h à Montréal. Ils l’ont écrit dans La Presse : «Éole se lève». Et c’est pas parce que les journaux raffolent des jeux de mots à deux sous comme titres (ils sont payés pour ça ?) qu’Eole ne s’est pas levé.

Alors, bref, je pose des lapins, je dépose des lapines et puis hop, au cinéma où il fait moins froid que chez moi. Il fallait voir le nouveau Haneke (immoral, délicieux), le nouveau Tarantino (moral, délicieux), le nouveau Hong Sang-soo (oral, délicieux), le nouveau Nadav Lapid (halal, délicieux) et d’autres films moins bons, mais je vous les épargne.

Et puis maintenant que je les ai tous vus, j’ai commencé à écrire moi-même une histoire, en fait, c’est une histoire vécue (ou qui le sera) je vous donne le titre : «Stalking éthique, ou comment j’ai traqué la plus belle fille que j’aie jamais vue pour lui dire qu’elle était exactement cela».

D’ailleurs, faut que je vous laisse. C’est un work-in-progress.

P.S. Merci à Elliot pour le webmastering et Ziad pour les mises à jour régulières.

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Commentaires

serge
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Bienvenue à bord,
"les écrivains d'écritures... ", assez philosophique ça, peut être pas ton intention... mais bon...
Pour les films, allons-y: Haneke avec Jean Louis trintignant, c'est "amour" le nom du film, pourquoi tu ne mets pas les titres ainsi ceux qui ne l'on pas vu peuvent chercher.
Mes préférés cette année: Killer Joe, Killing them softly, The master, les misérables (trois films que tu ne cite pas, pas vu ou tu les snobes simplement... [rire])
je verai Django cette semaine, mais un critique brésilien l'a détruit, pseudo spaghetti parait-il...

J'attend spécialement d'acheter le DVD de The Hobbit

Nicolas Dagenais
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Django est un film facile à détester parce que Tarantino n'a fait aucun compromis, et je le soupçonne de vouloir, au contraire, provoquer. Celui qui est d'avis qu'un réalisateur de cinéma devrait être au service de son public n'aimera pas ce film. Pour celui qui croit que l'art est exactement le contraire, c'est une réjouissance. À voir. À aimer. Ou détester. Tu n'en sortiras pas indifférent.

serge
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oui, il semble qu'il essaye vraiment de provoquer, parfois les acteurs fixent meme le viseur, m'a-t-on dit...

Nicolas Dagenais
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«Breaking the fourth wall», disent les Anglais. Oui, en effet, à un moment, on entend même Christopher Waltz siffler la chanson-thème du film. Moi qui ai appris le cinéma avec Godard (https://www.youtube.com/watch?v=Bfr-qUXjl80), ça ne me provoque pas trop, mais dans le cinéma hollywoodien, c'est en effet provocateur, et dans le bon sens je dirais. Cette notion de quatrième mur, je la trouve fondamentalement hypocrite. Ça vient de Diderot: «Imaginez sur le bord du théâtre un grand mur qui vous sépare du parterre ; jouez comme si la toile ne se levait pas.» Au cinéma, au théâtre, justifiée par une volonté de divertissement, ça passe toujours... mais dans les domaines du savoir «objectif» (journalisme compris), c'est trompeur. D'où mon style d'écriture d'ailleurs.

P.S. en parlant de Diderot: https://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1995_num_18_1_1287

serge

je crois aussi que la partialité est hypocrite. si tu as regardé "la vie des autres" (Das Leben der Anderen) il y a une scène où un personnage dit: "si vous ne prenez pas partie, alors vous n'êtes pas humain". Je trouve que c'est l'une des phrases les plus profondes que j'écouté...
merci pour les liens...

bouba68
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Qu'est ce que tu peux être drôle!

Danielle Ibohn
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C'est fou ;-) vraiment ce phrasé , cette manière d’écrire, c'est vivant! on dirait moi, je suis pas complétement seule au monde et aussi barrée HAHAHAHAHA! viens de découvrir votre blog et j'aime bizarrement? non! hihihihi

Nicolas Dagenais
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Merci! Mais je plagie en masse. Un journaliste du Québec: Pierre Foglia. Et Ernest Hemingway en général, dans le temps qu'il était journaliste à Toronto. Je découvre le vôtre aussi et j'avoue qu'on délire à un niveau comparable. ;)

serge
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j'ai vu Django hier, simplement génial. Tiens, ça m'a rappelé une phrase de Nietszche sur la science: "elle doit être indigeste".
Et bien, Tarantino a fait la même chose avec sa critique de l'esclavagisme, "indigeste"! Mais, authentique et sincere...

https://www.slate.fr/story/66903/tarantino-django-unchained-interview

Nicolas Dagenais
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Tout à fait. «La vérité n'est pas quelque chose qui serait à trouver et à découvrir - mais quelque chose qui serait à créer.»