De la politique
Je suis abstentionniste: la politique, j’en pense rien de bon, parce que qui dit politique dit morale et qui dit morale dit se prendre pour un Dieu, non? Je n’ai pas cette ambition.
Pourtant, je m’y connais assez, et j’ai des opinions assez radicales sur la plupart des sujets justement puisque je m’y connais assez.
Aujourd’hui, j’aimerais parler de racisme.
Mais plus j’y pense, moins ça me tente.
Parce que les racistes, on dit en général que c’est mal et tout, et pourtant j’ai discuté avec l’un d’eux hier, et à la fin de la soirée, franchement, je le trouvais plutôt sympa quoi.
Il adore les Rolling Stones. C’est un jeune Berlinois: 24 ans, beau, blond, avec un pull vert sur un polo à col superbe et des pantalons de tweed; des souliers de cuir fraîchement cirés. Il se vante d’avoir habité dans les trois capitales d’Allemagne (Berlin, Bonn et Weimar), mais il fallait qu’il lâche, je ne sais pas pourquoi: «Je n’aime pas les Turcs.»
Il ajoute bien sûr, en anglais avec un certain accent: «You know, I’m not a nazi, but…»
Il m’explique: il s’est fait aggressé deux fois par des «Orientaux» (un Turc et un Irakien), il les trouve belliqueux et puis j’ai changé de sujet parce que moi les généralisations…
Puis, il me parle de ses études en ingénierie du développement durable ou quelque chose du genre et de la proposition du 3e haut-placé de la deuxième entreprise immobilière d’Europe (il m’a répété 14 fois qu’elle valait une trentaine de milliards de dollars) d’y faire un stage après qu’il eut remporté un concours. Franchement il racontait tellement mal, j’allais m’endormir. Je n’ai pas pris la peine de trouver un prétexte pour aller voir ailleurs, mais au fil de la soirée, je lui ai donné la chance de s’expliquer et j’ai compris.
C’est un évangéliste. Pas religieux. Athée. Mais je le cite: «Ici, les femmes sont égales aux hommes. Chez les Musulmans c’est pas comme ça. Il faudrait les éduquer ces gens-là.»
Voyez, si les immigrants sont tous turcs à Berlin, c’est plutôt les Musulmans ou la religion en général son problème, et en cela, il est plutôt naïf, c’est-à-dire que plutôt que de combattre la cause de cette religiosité excessive («La religion n’est plus opium du peuple, mais la vitamine du faible») et oubliant que les 3-4 millions de Turcs vivant en Allemagne sont parties prenantes de la santé économique du pays depuis les années 1960 sans, malheureusement, en avoir profité, il se rabat sur la conséquence: la religion.
Moi, j’avoue, je doute: pas que les Turcs de Berlin soient trop conservateurs (clairement ce ne sont pas les Turcs d’Istanbul), mais admettons que les 3-4 millions de Turcs-Allemands battent tous leurs femmes (comprenez l’ironie), je me dis que des 50 millions (environ 60%) d’Allemands qui se déclarent soit protestants soit catholiques, il doit y avoir au moins un bon 5 millions de misogynes itoo non? Qui donc doit-on éduquer?
Oui, le Coran dit: «Les femmes sont votre champ. Cultivez-le de la manière que vous l’entendrez, ayant fait auparavant quelque acte de piété.» Mais Saint-Paul ajoute: «Que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d’y parler ; mais qu’elles soient soumises, comme le dit aussi la loi. Si elles veulent apprendre quelque chose, qu’elles interrogent leur mari à la maison ; car il est choquant qu’une femme parle dans l’Église.»
Si seulement! (Je rigole.)
Alors puisque que l’hypocrisie prétentieuse des Allemands (dont certains n’haïraient pas que leur pays s’appelle encore le Saint-Empire romain germanique comme le souhaitait Hitler), me fait chier, hier, quand j’ai vu un Turc en béquilles quêter de l’argent dans le U-Bahn, je lui ai donné 5 euros. Les autres m’ont regardé: «Mais qu’est-ce que tu fais?»
De la politique, mes amis.
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