Écrire

19 avril 2013

Écrire

Ça va mal, pas trop, mais un peu, c’est-à-dire qu’à peine de retour de Dakar, j’ai passé quelques jours à ne rien faire du tout (absolument rien du tout) en attendant de commencer les cours à la Humboldt Universität zu Berlin et comme d’habitude dans ces cas-là, je me pose des tas de questions, et dont une en fait qui m’a été posée par une amie: «Tu as un boulot toi?» et moi de répondre, sans réfléchir: «Oui, je suis écrivain». Ouch.

Comprenez qu’à peine ces mots sortis de ma bouche je me suis mis à angoisser, mais… mais… j’ai jamais rien publié moi… mais… je fais pas d’argent avec ça moi… mais… mais… je suis pas écrivain moi, je suis étudiant ou rien du tout ou je ne sais trop… mais… mon oncle il est écrivain, il est connu et tout, il fait des entrevues à la télé… mais … c’est ça être écrivain, c’est un métier comme n’importe lequel: t’écris, t’en vis, t’es écrivain.

Une seconde plus tard exactement, je rafraîchis la page web du «plus grand quotidien francophone d’Amérique» (pas trop dur hein) et tiens: une nouvelle chronique de mon chroniqueur préféré, il était temps, ça faisait presque quatre semaines. Ça s’appelle «Un voyage en Irak» et ça parle exactement de ça: un voyage en Irak. Je la dévore d’un coup, une fois, deux fois, comme d’habitude, et je lui écris un courriel comme je le fais parfois.

– Qu’est-ce que vous êtes allé faire en Irak, M. Foglia?

– Ce que je suis allé faire en Irak? Écrire. Je n’ai jamais rien fait d’autre qu’écrire. Avez-vous d’autres questions?

– Non, merci.

Je suis un peu surpris, lui qui disait en 1989 (je venais de naître): «je ne suis pas un écrivain même si j’aime écrire.» Entre «aimer écrire» et «ne faire que ça», il y a un pas.

– Ah si: une. Ça veut dire quoi: écrire?

Il n’a pas encore répondu mais j’ai une définition pas bête que j’aimerais partager avec vous.

Écrire, c’est: ne pas faire de faute d’orthographe.

Hein? Pas mal, non?

Il y a des tas de livres sur l’écriture et même qui s’appelle «Écrire» de Daniel Pennac (un livre de dessins apparemment), de Marguerite Duras («Écrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit.») et même celui-là de Jean-Claude Monod: «Écrire: Une petite philosophie du SMS» alors voilà lui, je dirais qu’il est dans le champs gauche.

Un SMS, ça peut être écrire, je ne dis pas non. J’écris d’ailleurs assez bien par SMS ou sur Facebook peut-être même mieux qu’ici, mais «J fini dan kelk minut», ça c’est pas écrire. C’est pas méchant hein, j’ai rien contre les illettrés à iPhone, mais ils perdent leur temps quand ils écrivent «J fini dan kelk minut» parce que moi je t’attends pas 1 sekond.

Voilà.

Écrire, c’est montrer qu’on sait écrire, qu’on a une éducation, une certaine capacité mentale et que cette certaine capacité mentale me dit de prendre du temps pour toi.

Écrire, c’est flirter en fait.

Oubliez cette définition ridicule du Larousse: «Tracer les signes de l’écriture en usant d’un instrument, d’une substance, ou former les lettres d’une certaine façon.»

Bullocks.

Non, écrire, c’est flirter. C’est aussi mentir un peu, non? C’est-à-dire: dire la moitié de la vérité.

Ça je fais bien.

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Commentaires

Serge
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Heim lire c'est quoi ? Merci quand même heim... moi je dirais que seulement 1% de ceux qui écrivent en vivent. Ça ne paye pas

Nicolas Dagenais
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Bah Serge, tu fais quoi toi à l'université? Et on te paye pas mal non? Qui c'est que tu flirtes? Ta directrice de thèse? Je m'en doutais bien. Eheh ;)

Serge
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des misères mon ami, quoique ma prof de... est très charmante en effet

Osman Jérôme
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Et je dirais que, écrire, c'est ce que tu viens de faire. Intéressant comme billet.

Nicolas Dagenais
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«une demoiselle, dont la pelouse n'est pas encore foulée par aucun autre joueur», c'est pas mal aussi!

Osman Jérôme
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Loll. En tout cas, on bien écrire.