L’Africa alla Wikipedia

4 avril 2013

L’Africa alla Wikipedia

Aujourd’hui Paris (je vous en reparle), demain le Sénégal. Je me sens tout drôle. Je suis le premier dans ma famille proche à aller en Afrique (mon oncle – cartographe – visite Dakar trois fois l’an) et j’ai un peu l’impression que, pour la première fois peut-être, après tous ces voyages en Europe ou en Amérique, j’aborde un territoire inconnu.

Je discutais hier avec une amie d’ami – historienne – qui est spécialisée dans l’histoire de l’Afrique.

Je lui ai dit: «Bon, l’Afrique en 5 phrases!»

Je me souviens seulement de la première: l’histoire de l’Afrique comme discipline n’a commencé que vers 1964 avec l’«Histoire générale de l’Afrique» de l’UNESCO et reste extrêmement stigmatisée encore aujourd’hui. Elle m’a référé au discours de Sarkozy, à Dakar en 2007, qui a dit devant un parterre d’universitaires que «l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire». À ce qu’on dit, le parterre s’est rétréci du deux-tiers.

Mais Sarko, il a quand même un peu raison, non?

L’histoire c’est un récit – fictif comme tous les récits – et un récit qui n’est pas dit, ce n’est pas grand chose. Bien sûr qu’on le dit parfois, mais pas très souvent à la télé – non? – où on nous parle surtout des rois et des châteaux comme celui de Versailles que j’ai visité lundi dernier, mais qui cache quoi derrière? Les taxes… la famine… Derrière l’histoire des rois, il y a toujours l’histoire des rues, et celle-ci, même au Nord, on ne la connaît pas.

Et comme on dit en journalisme (ou peut-être que c’est de moi): «A story is not a story until it gets published.»

Peu importe la stupidité de cela, l’histoire – une fiction je répète – donne une légitimité, une aura peut-être, à une culture donnée.

Je vous assure, encore plus que Versailles – encore plus que la toute petite Joconde dans sa prison de verre assaillie par une armée de samouraïs -, en prenant un jus d’orange aux Deux Magots – là où dinaient Sartre et Beauvoir -, même s’il est à 6 euros ou, encore plus pour moi, un steak au poivre «Hemingway» à La Closerie des Lilas ou en passant devant l’ex-maison de Serge Gainsbourg au 5 rue de Verneuil à 5 minutes de Notre-Dame-de-Paris, j’ai senti l’histoire. Je vous jure, j’ai senti littéralement l’odeur de l’histoire.

J’ai senti aussi la rue du Sénégal mais parce qu’elle puait. Une ruelle déprimante d’à peine 100 mètres dans le 20e arrondissement de Paris. C’est gentil pour l’hommage les Parisiens.

Mais sérieusement, si l’Afrique a une histoire, il lui en manque, j’ai bien peur, l’odeur: les référents, connus de tous, qui font que, ah oui, Léopold Sédar Senghor dînait ici et, hop, la café Touba y est hors de prix. Tout ça existe bien sûr, mais du haut de mon éducation 100% nordique, il aurait fallu faire des efforts que je n’ai pas fait pour y avoir réellement accès. Comme 99% de mes amis, je ne savais pas que la capitale du Sénégal était Dakar ni que Dakar signifiait – dixit Wikipedia – «qui s’y installe sera en paix»  avant que l’équipe du Mondoblog décide de m’y envoyer en formation.

J’ai fait quelques recherches.

Je me suis souvenu qu’un de mes profs de journalisme à Montréal avait passé son enfance là-bas. Je lui ai écrit: «Ai quitté le Sénégal à 15 ans et ai perdu mes bribes de wolof (nangadef: comment ca va?) Les Sénégalais sont intelligents, commerçants et malins!»

Puis mon oncle : « Fais attention à ton passeport et tu vas savoir pourquoi on dit menteur comme un Sénégalais…»

Et quand même, j’ai lu un peu et surtout un texte intitulé : «Léopold Sédar Senghor ou la ‹réincarnation› de Goethe en Afrique noire francophone». Tiens tiens… Moi qui me prend pour un Allemand.

Mais c’est assez court non? Et je crois même que je me sentirais mal d’arriver en «sachant tout», alors que, franchement, je ne sais rien.

Alors, c’est un peu con – mais hautement symbolique – , demain, j’arriverai à Dakar, blanc comme un oeuf avec, sur le dos, la canadienne* que j’ai achetée chez Banana Republic.

Dites donc, les Dakarois, il fait combien chez vous?

Dans les moins ou les plus?

*canadienne: «une veste de cuir ou de toile doublée de laine de mouton. Elle comprend aussi un col amovible en fourrure de mouton doré en forme de châle.» (wikipedia)

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