Marilyn, Mermet et la radio contre l’obésité

Article : Marilyn, Mermet et la radio contre l’obésité
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3 décembre 2012

Marilyn, Mermet et la radio contre l’obésité

«It’s not true I had nothing on. I had the radio on», révélait candidement Marilyn Monroe en 1952 lorsqu’est sorti le scandale du Golden Dreams, ce calendrier de nus dans lequel avait posé trois ans plus tôt la future sex-symbol – un peu cassée à l’époque –  pour 50$ (400$ en valeur actuelle).

Marilyn Monroe qui écoute la radio… passionnément (crédit photo: Tom Kelley)

Pas bête la fille. Twentieth Century-Fox avait essayé de cammoufler l’affaire, mais Marilyn – qui avait le sens de la pub – avait appelé les médias pour dire: «Pourquoi nier? Vous pouvez le trouver n’importe où. En plus, je n’ai pas honte. Je n’ai rien fait de mal.» Le pin-up s’était retrouvé dans le tout premier magazine Playboy en décembre 1953.

Bon, ce n’est pas exactement de ça dont je veux parler aujourd’hui mais de radio…

Ah! la radio: cet anachronisme fabuleux!

C’était le dévoilement hier du Prix du journalisme des Radios francophones publiques 2012, qui a été remporté comme d’habitude par les Belges pour un excellent reportage sur la prison de Mons, prison dans laquelle Paul Verlaine a écrit son «Ô mon Dieu, vous m’avez blessé d’amour» (il y avait séjourné pendant 1 an et demi pour avoir tiré deux fois sur Rimbaud, ne me demandez pas pourquoi).

Radio-Canada avait proposé lui un autre reportage platte sur les pensionnats autochtones. C’est pas le sujet le problème, c’est l’angle (rien de nouveau sous le soleil) et surtout le style: la narration plus mièvre que les pires poèmes de Verlaine, les témoignages pathétiques de victimes autochtones, l’avis d’un avocat, d’une psychologue, beaucoup de pleurs, mais pas les miens. J’ai plutôt ressenti un malaise.

C’est dommage parce qu’il y en a de la radio francophone pas mal au Canada, mais rien pour intéresser Marilyn Monroe je crois, en tout cas, rien comme en France, et je pense bien sûr à L’Atelier des médias sur RFI, mais aujourd’hui plus particulièrement à l’émission Là-Bas si j’y suis sur France Inter. Connaissez? Non? Continuez à lire.

Je l’écoute tous les matins (ici c’est à 9h, en France 15h) et franchement, c’est toujours bon: Daniel Mermet qui est la plus belle voix de gauche que je connaisse, la «boite vocale» des AMG («auditeurs modestes et géniaux»), des entrevues passionnantes et des grands reportages que ce soit en France ou à l’international (ils sont même venus au Canada ce printemps). De gauche oui, très à gauche, mais à une époque où «tous les gens sont de droite», comme l’a si bien dit Gaspard Proust, il faut bien quoi!

Ils ont rediffusé la semaine dernière un reportage réalisé en 2006 sur l’incendie de l’usine KTS Textile à Chittagong au Bangladesh (63 morts). Ils étaient là. Ils ont tout vu.

Je l’ai écouté deux fois. Une fois, j’ai pleuré. L’autre fois, j’ai eu envie de gueuler.

Et l’analyse en direct de Daniel Mermet: «C’est terrible de penser qu’il y a peut-être des gens à l’intérieur qui sont en train de brûler là-dedans. C’est dingue. C’est dingue, parce que c’est cette pression imbécile de la consommation qui veut, qui veut, qui veut, qui veut, qui veut: des prix, de la camelote, toujours de la camelote, toujours des prix plus bas, et puis un pays hyper-pauvre. Un pays hyper-pauvre qui est bien obligé de s’écraser et de répondre à ces commandes à prix cassés quoi! C’est pas n’importe quel incendie ce qu’on voit. Évidemment, ça se passe comme n’importe quel incendie, sauf que ça, c’est un incendie de pauvres. C’est un incendie de pauvres et c’est l’incendie de l’exploitation.»

Ce n’est plus du journalisme. C’est de la poésie.

Enfin, c’est de la poésie dans le sens que Aristote lui a donné: plus vraie que l’histoire.

—–

Et l’obésité? J’allais oublier…

C’est que j’ai fait écouter Là-bas si j’y suis à ma diététicienne de mère et elle a eu l’idée de conseiller l’émission à ses patients parce qu’elle veut «qu’ils mangent plus lentement». Comme on le sait, on se rend seulement compte qu’on n’a plus faim 15 à 20 minutes après avoir commencé à manger. Le temps d’engouffrer quatre big macs et trois cocas quoi!

Regardez Marilyn. Ça marche!

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Commentaires

manon
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Fresh. Je vais me mettre à la radio québecoise pour avoir les formes de Marilyn.

Nicolas Dagenais
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C'était surtout un prétexte pour mettre la photo de Marilyn, mais chut! Si jamais ça se savait... ;) Pour ce qui est de la radio québécoise:
https://www.radio-canada.ca/emissions/cest_bien_meilleur_le_matin/2012-2013/index.asp