Six mois plus tard, mes impressions…

Article : Six mois plus tard, mes impressions…
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18 octobre 2012

Six mois plus tard, mes impressions…

Ça vous dit quelque chose le «printemps érable»? Et les manifestations monstres dites «du 22» à Montréal? Les casseroles qu’on a cognées tous les soirs pendant quelques mois, elles ont résonné dans votre coin de pays?

C’était à Montréal le 6 avril 2012, en plein coeur de la crise étudiante. (crédit photo: Nicolas Dagenais)

Il n’y a pas eu de morts (quelques blessés quand même). Pas de vainqueurs non plus: ça s’est réglé par des élections – prévues depuis longtemps – lesquelles ont renversé de justesse le gouvermenent d’alors. On dit qu’un journaliste français a quitté l’Égypte pour rendre compte de notre révolution à nous : il a été bien déçu. C’était une révolution toute occidentale, dont on se demande bien si l’ennui n’en a pas été la cause principale.

Ce qui a mis le feu aux poudres: 1625$. C’était de ça qu’auraient augmenté les frais universitaires pour passer à 3793$ par année. Deux mois de travail au salaire minimum.

Au final, ma faculté a été trois mois en grève, de la mi-février à la loi spéciale du 18 mai qui entraînait la suspension de la session pour l’été. Je viens tout juste de terminer.

Une révolution de la classe moyenne donc, de fils et de filles d’universitaires pour la plupart, à peine appuyée par les plus démunis, qui ont accès à des bourses d’études. Une révolution de la «interns generation», à peine appuyée par leurs babyboomers de parents. Une génération qui vit correctement, avec des dettes comme tout le monde.

Elle va les rembourser… ou s’acheter un iPhone 5.

Comprenez que je n’ai pas tellement de sympathie pour les principaux des universités et les banquiers scolaires (ou les deux en même temps, comme Heather Munroe-Blum).

Ce sont eux qui ont exigé la hausse des tarifs.

J’ai un peu plus de sympathie pour les idéalistes, les quelques centaines qui ont marché dans les rues de Montréal encore aujourd’hui pour demander de payer encore moins (le 20 septembre dernier, la hausse a finalement été annulée par le nouveau gouvernement du Québec – les frais de scolarité sont retombés à 2168$, environ 1680€).

Je ne les appuie pas, mais je les comprends.

C’est qu’il n’a rien de très plaisant à payer pour ses études quand elles sont des «études théâtrales» et qu’on ne sait pas encore si on va trouver sa place sur le marché du travail. Je n’ai pas entendu beaucoup d’étudiants en médecine scander des slogans anti-capitalistes. La grande majorité des grévistes étaient en arts et en sciences humaines.

En journalisme aussi, évidemment. J’ai moi-même organisé une manifestation quelque part au début du mois de mai. J’ai également tenu un blogue que vous pouvez visiter ICI.

Mais j’aurais pu organiser un tournoi de pétanque et bloguer des photos de chats que ça n’aurait rien changé, parce que finalement, tout s’est joué dans des élections, le 4 septembre dernier, qui a vu la victoire d’un parti politique fondé en 1968, et presque la réélection du parti contre lequel on en avait, malgré des allégations de corruption.

Alors si on vous demande chez vous de résumer le «printemps érable», vous direz: le gouvernement d’alors n’a jamais voulu reculer. Le gouvernement d’après en a profité.

Ainsi va la vie. Vive la démocratie!

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