La mort

18 octobre 2013

La mort

La mort est paradoxale, à la fois terrible et belle. Je voulais vous parler de la mort de Paul Desmarais et ses 4,5 milliards mais est mort presqu’en même temps mon grand oncle Jean-Guy Balthazard, que je voyais deux fois par année mais pour qui – et pour ses enfants et petits-enfants qui tiennent sûrement de lui – j’avais une grande admiration. Pour moi, le Québec, c’est un peu Jean-Guy et sa famille: des fous pas cons.

Hier, en revenant du funéraille-party (plutôt party que funéraille) de Jean-Guy, il y avait à Tout Le Monde En Parle version Québec un ancien premier ministre indépendantiste et l’éditorialiste-en-chef de La Presse (le journal de Paul Desmarais) qui hommageaient à leur manière le self-made-man le plus controversé du pays: Dieu pour les fédéralistes, le diable pour les séparatistes (mais je ne veux pas rentrer là-dedans!)

C’était épatant: l’ex-PM – que je ne savais pas un ami de Desmarais vu leurs opinions politiques divergentes – en parlait carrément comme un monarche éclairé – par exemple rappellant que Sarkozy lui aurait dit qu’il lui devait son élection en lui remettant la Légion d’Honneur – alors que le pauvre éditorialiste essayait en vain de modérer ses propos, comme dans son journal où l’on vantait son mécénat artistique en oubliant ses 4,5 milliards.

Voyez: Paul Desmarais a en effet subventionné les arts et toutes sortes de choses (apparamment qu’il y a même une salle à son nom à l’Université d’Alexandrie), le genre de bon chrétien qui s’est fait construire une église pour lui tout seul sur son domaine de 77 millions à Sagard. C’est en effet à en rappeler l’époque des dolléances vaticanes – auxquelles on doit des chefs d’oeuvres artistiques – , seulement Desmarais avait meilleur presse. Il était d’ailleurs propriétaires de quelques-unes.

Paradoxe.

C’est aussi le mot que j’utiliserais pour décrire les funérailles de Jean-Guy, funérailles vivantes comme je voudrais que soient les miennes: il fallait voir son arrière-petit-fils Justin (4 ans) qui ne s’est pas ennuyé une seconde à frencher ses pauvres cousines; il fallait voir aussi les 36 bouteilles de vin (ou les boire); il fallait voir finalement le désespoir des employés qui, voulant profiter de leurs samedis soirs eux aussi, ont fini par mettre la famille dehors.

Des fois, je me dis que la mort est une construction sociale, pas la mort en tant que telle, mais la mort comme événement triste. Car qu’est-ce qui meurt finalement?

La fortune? Le pouvoir? Évidemment.

La vie?

Pas sûr.

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