Dieu et la démocratie
Ma foi, je déserte le mondoblog, hein?
C’est que je suis victime de deux situations nouvelles: la première étant de ne plus avoir internet à la maison; la deuxième étant que j’en suis à l’écriture d’un premier roman (depuis le temps que j’y pense). Si la première situation aidera à la deuxième, Dieu seul le sait. Je me dis qu’en me catapultant hors du «monde», peut-être que je serais plus à même de le voir entier. En tout cas, moins de Facebook, ça améliore une vie, ça c’est sûr.
Mais je profite d’un petit séjour à Hambourg – là où d’ailleurs s’introduisait le Voyage au centre de la Terre de M. Verne (ça sonne bizarre sans le Jules mais, passons) il y a exactement 150 ans – pour piquer la connexion internet de ma charmante hôtesse et de vous parler un peu de l’actualité chaude du Québec, comme je vous l’ai promis fin juillet.
Et en fouillant un peu le net de ma charmante hôtesse, j’apprends que ce qui fait chauffer le Québec en ce mercredi pluvieux à 32 degrés, ce sont les turbans, plus précisément les turbans dans la fonction publique, genre profs, médecins, techniciens de l’État, cols bleus de l’État, «9 à 5» de l’État et «agents de la paix» de l’État, donc environ 500 000 Québécois (le huitième de la population active); et ce n’est pas parce qu’il fait chaud.
Les turbans, donc, «out!», dit-on, par ce qu’on appelle une Charte des valeurs québécoises, alias la «charte de la laïcité». 57 % des Québécois sont d’accord.
Évidemment, la Charte ne cible pas que les turbans, mais interdira le port de n’importe quel signe religieux dans la fonction publique, donc la croix chrétienne également mais on comprend qu’elle est un peu moins difficilement dissimulable qu’une kippa, un hijab ou un turban sikh, etc., et à savoir si des boucles d’oreilles du genre «yin et yang» (le symbole du taoïsme) ou un t-shirt de Che Guevara passent ou pas, il faudrait s’informer auprès de M. Bernard Drainville, le député du Parti Québécois qui s’occupe de l’affaire.
Ne comprenez pas que je m’oppose à la Charte: je n’ai strictement pas d’opinion là-dessus, contrairement à M. Denis Coderre (peut-être futur maire de Montréal) qui s’oppose à la Charte et qui prône lui une «laïcité ouverte», une expression dont franchement j’ignore le sens, mais certainement très efficace pour récolter des votes de gens pas trop décidés, comme moi.
Moi en fait je ne citerai ni Machiavel ni Nietzsche ni la Révolution Française ni l’Ordre Teutonique, mais un bonhomme qui a presque mon nom et l’air un peu mongol : Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême (Angoulême?) et un des 40 membres de l’Académie française qui a publié deux beaux livres en 2012: Catholiques en France, réveillons-nous et Catholiques et présents dans la société française. Foi en Dieu et démocratie.
De beaux titres, non?
Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême, membre de l’Académie française (précise toujours son blog parce qu’il en a un) y écrit : « Nous croyons que la cause de Dieu est liée pour toujours, parce que Dieu lui-même l’a voulu, à la cause des hommes et des sociétés humaines, surtout en période de difficultés, d’épreuves, d’incertitudes. »
Je n’ai pas d’opinion là-dessus non plus.
Moi, mon opinion, c’est tant qu’à faire des chartes, qu’on en fasse une qui interdise l’internet partout même à Hambourg et ça s’appellerait la « charte de la cécité » et je l’écrirais et je me garantirais certainement un fauteuil à l’Académie française où je pourrais sans doute m’asseoir près de Mgr Dagens puisqu’on a presque le même nom.
– Comment allez-vous aujourd’hui Mgr Dagens? Bien dormi ?
– Très bien, et vous Mgr Dagenais?
– Beaucoup mieux depuis que j’ai mon turban. Ça… ehh.. cela me fait comme un oreiller à 360 degrés. Vous devriez essayer cela.
– (soupir)
À propos, l’Académie française, c’est la fonction publique ou pas ? Les salaires sont bons? Les conditions de travail? Sont syndiqués ? Les fauteuils : confos ? Et à propos du turban?
P.S. J’ai pensé à une blague. C’est Nietzsche qui lit mon billet et qui dit, l’air grave: «… et voilà Dieu qui se retourne dans sa tombe.»
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